Le projet d’aborder la démarche d’investigation en E.P.S s’est imposé au regard de deux éléments :
- Le premier : s’inscrire dans les préconisations du document de cadrage du P.P.P.E.
- Le second : la volonté d’aborder très tôt en formation une démarche méthodologique associée à une pédagogie active.
Un rapport de l’IGÉSR souligne un hiatus entre compréhension des enjeux de la démarche scientifique et appétence des élèves pour cette forme d’apprentissage d’une part et réalité de l’offre de formation proposée par les enseignants d’autre part : « Dans l’enquête CEDRE, les élèves sont interrogés par rapport à leur motivation en sciences : en 2018, ils sont 89 % à déclarer aimer faire des expériences scientifiques et 89 % à souhaiter en faire davantage. (…) mais « 61 % des enseignants évoquent la difficulté à̀ mettre en œuvre une démarche d’investigation »
Par ailleurs, le document de cadrage du P.P.P.E indique : « Une partie des enseignements se fera sous la forme d'activités pratiques et expérimentales, pour lesquelles quelques pistes sont suggérées, approche importante dans la formation des futurs professeurs des écoles, qui sont encouragés à mettre en œuvre des démarches d’investigation avec leurs élèves » .
Enfin, il nous paraît particulièrement important en dernière année de licence d’engager les étudiants dans un travail méthodologique préparatoire à un travail de recherche rigoureux en identifiant les différentes étapes qui le composent.
Le travail que nous avons mené avec les étudiants de L3 du P.P.P.E est fondé sur l’apprentissage expérientiel . Nous postulons qu’une meilleure compréhension de la démarche d’investigation passe par une expérimentation concrète de l’ensemble du processus. Toutefois, afin de conserver la spécificité de la discipline, l’objet d’étude est le sujet lui-même engagé dans une expérimentation à partir d’une activité athlétique. Néanmoins, au-delà de la discipline E.P.S, les étudiants sont invités à exploiter des connaissances acquises dans d’autres disciplines pour nourrir leur étude d’une réflexion interdisciplinaire.
Nous avons proposé un cadre commun pour engager les étudiants dans la démarche d’investigation :
1.Effectuer une activité initiale : Réaliser une performance dans une activité athlétique de course (d’endurance, de vitesse, d’obstacles).
2.Questionner sa représentation : S’interroger sur la performance réalisée dans sa dimension qualitative et/ou quantitative.
3.Formuler une hypothèse : Emettre une hypothèse et en déduire des variables pour modéliser l’expérimentation.
4.Mener une activité de recherche : Phase d’expérimentation durant laquelle l’étudiant s’engage sur le plan moteur en modifiant le contexte au regard des variables identifiées.
5.Mesurer et recueillir des données en lien avec l’hypothèse : L’étudiant effectue différentes mesures en relation avec son expérimentation.
6.Faire une synthèse des résultats : Présenter les résultats de l’expérimentation et discuter de la validité de la démarche.
7.Enrichir ses connaissances : Replacer ses conclusions dans un champ scientifique plus vaste.
8.Investir le champ didactique : Proposer une application pédagogique des conclusions de sa recherche.
9.Envisager l’interdisciplinarité : Tisser des liens entre les disciplines pour renforcer le sens de l’apprentissage.
Voici quelques exemples de problématiques qui ont été retenues par les étudiants :
- Quelle influence exerce la hauteur des haies sur la performance ?
- Quelle est l'incidence de la trajectoire de course sur la vitesse ?
- Se fixer des objectifs augmente-t-il le niveau de performance ?
- La fréquence de la foulée influence-t-elle la vitesse de course ?
- Quel lien peut-on établir entre la fréquence cardiaque et la vitesse maximale aérobie ?
En complément de cet article, nous joignons le travail de deux étudiantes. Celui-ci est publié dans son intégralité avant correction.
JL ÉTORÉ
Professeur d’E.P.S
Lycée Louis Barthou
